212
On ne sauroit disconvenir, il est vrai, qu'il circule une
grande masse d'idées justes et saines; mais, c'est à savoir si ces idées
sont bien saisies, bien digérées, et ce qui est plus, si elles sont
converties, en maximes et mises en pratique! — Car, je vous
demande y- a⸗t· il quelque chose de sacré, que la génération la plus
récente n'ait profanés? Les objets les plus augustes, les noms les
plus vénérables, les hommes les plus illustres, les plus distinguẽs
en ont été maltraités, et foulss aux pieds. Et quels désordres n'a-
t·olle pas ꝛepandus dans le monde cette genération perverse et cor⸗
rumpue! Des xrébellions contre les autorités légitimes, des ins unreα
ons de toute espes, revôtues des formes de la justics, justifiées
prônées aves un enthousiasme criminel; des violences entassẽes sur
des crxuautéss — voil quelques · uns des traits quã composent le
tableau des derniers tems.
On diroit, qu' aves tant de ressources, à la faveur de tant de
legons reques dans le court espace de quatre-vingts ans, an ue
ait dũ faire des progres immenses dans la culture intellectuelle;
aussi nous en glorifionss nous bien, et nous imaginons- nous avoir
fait des pas de géants, et surpasss tous les siecles précédents; mais
il faudroit peu connoſtre la présomtion de Phomme, pour ne pas
Lattendre à ces jugements anticipés, quꝰil nappartient quia la postẽ·
rité de conſirmer ou de redresser. Néanmoins, il paroĩt indubi⸗
table, par tout es qu'on vient de voir, que le genre humain a
fait des progrès réels, quoĩquso lents et imperesptibles. Les scien-
ces et les arts n'ont ét jamais entidrement oteints; ot si par ĩnter·